Patriciens

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Les patriciens, qui vivent au plus haut des étages supérieurs de Ground 0, sont une classe aisée de bureaucrates et de cadres d'Hydrox incorporated, ces deux groupes étant fortement entremêlés et beaucoup de patriciens appartenant aux deux à la fois. Si la propriété foncière y est monopolisée par Hydrox, les patriciens n'en possèdent pas moins des capitaux[1], et ils sont de fervents consommateurs de services et des ressources produites dans les niveaux inférieurs. La plupart d'entre-eux est employée par Hydrox à des postes à responsabilités, voire appartient au semblant d'administration civile reconstitué après-guerre, siégeant parfois au conseil des Archontes, qui en est la plus haute autorité, tout en se réduisant dans les faits à une chambre d'enregistrement. En effet, lorsque ils ne travaillent pas directement pour Hydrox, outre les loisirs, qui occupent l'essentiel de leurs journées, l'activité des Archontes consiste essentiellement à traduire en décrets les directives de la firme.

Si les habitants des catacombes n'ont aucune existence légale, ceux de la surface sont en théorie protégés par des libertés civiles a minima. Dans la pratique, seule l'élite constituée par les patriciens jouit d'une véritable sécurité et de droits effectifs. Les bas-quartiers sont administrés par Hydrox sous un régime quasi-carcéral et un état d'urgence permanent. Aussi la gestion de leurs habitants se réduit-elle généralement à des opérations de maintien de l'ordre. Un grand nombre d'habitants des quartiers pauvres est en outre tenu sous la dépendance des patriciens par des contrats d'obligation s'apparentant à l'esclavage, mal vus mais tolérés par Hydrox. À l'inverse des bas-quartiers de Ground 0 city, sur lesquels cette autorité est toute théorique, le gouvernement des patriciens assure aux hauts quartiers une certaine souveraineté, certes limitée. Le règlement intérieur du complexe, édicté par Hydrox, s'y articule avec les lois d'urgence garanties par l'autorité civile et qui visent à protéger les droits des patriciens, le marché des obligations, et à concilier ces exigences avec l'autorité que détient Hydrox inc. sur l'ensemble du complexe de Ground 0.

La position sociale élevée et la pseudo-gouvernance des patriciens tirent leur légitimité de la reconnaissance du gouvernement civil par Hydrox, et plus originairement des relations de dépendance factuelles, et des ressources matérielles et relationnelles dont ont pu disposer ses membres durant et juste après l'Apocalypse, leur permettant d'agréger et maintenir autour d'eux un semblant de structures sociales. C'est pourquoi beaucoup sont des cadres de l'entreprise ou ont travaillé pour elle, ce qui leur a initialement donné accès aux infrastructures propres à générer une rente s'exprimant sous forme de dettes, contractées par les personnes sans ressources vis à vis des oligarques. Celles-ci structurent tout un réseau de servitudes : les obligations.[2] Ces contrats seront d'abord tolérées de manière informelle par Hydrox avant d'être légalisés et régulés au terme d'un conflit majeur.

Les patriciens font essentiellement affaire avec Hydrox, qui possède un monopole industriel et administre le complexe, lequel lui appartient intégralement. Ils ont malgré tout coutume d'échanger entre eux : l'essentiel des relations sociales est commercial ou à tout le moins contractuel. Ainsi, un patricien n'invite jamais à déjeuner : chacun paie sa part. Tout "cadeau", comme tout "service", doit avoir une contre-partie monnayable, si ce n'est en crédits sonnants et trébuchants. En l'absence d'une telle rétribution, une obligation peut être prononcée, contestée et/ou reconnue (éventuellement par une tierce partie garante ou indépendante). C'est la capacité à solder ses dettes, autrement dit la solvabilité, qui détermine l'appartenance à la classe des patriciens : celui qui ne le peut pas est corvéable, car débiteur. Si les patriciens vivent de la rente que leur confèrent les obligations qu'ils détiennent, les débiteurs sont à la merci de leur créancier. Les patriciens ont par ailleurs coutume de s'adresser l'un à l'autre par le biais d'intermédiaires, généralement des filiales d'Hydrox. Le recours à un intermédiaire plutôt qu'un autre traduit généralement le statut social du demandeur.

Bien qu'officiellement interdit, l'esclavage pour dettes est toléré dans les hauts-quartiers, uniquement si le propriétaire est un patricien et que l'esclave, pudiquement appelé "obligé" ou "débiteur", n'en est pas un. Ces esclaves appellent généralement leur propriétaire leur "créancier", ou plus rarement, leur "obligataire". Du point de vue des patriciens, cette mise sous tutelle est souvent considérée comme une forme de protection accordée au débiteur par le créancier en échange de bons et loyaux services, de sorte que ces derniers se considèrent comme accordant ainsi des faveurs aux classes les plus démunies, voire faisant œuvre de charité. Bien souvent, le débiteur est réellement tributaire du créancier pour sa survie, n'ayant pas les moyens de subvenir à ses besoins.

En théorie, un habitant des niveaux inférieurs du quartier d'habitation peut devenir patricien en se logeant dans les étages supérieurs. Ces cas extrêmement rares surviennent lorsque Hydrox décide de récompenser quelque petite frappe, un indicateur ou simplement quelque travailleur zélé, qui se trouve promu et récompensé. Hormis ce cas de figure, les habitants des niveaux inférieurs sont très loin d'avoir de quoi s'installer dans les hauts-quartiers, et survivent dans des habitations de fortune, ou des appartements très concentrés et administrés de manière quasi-carcérale, quand ils ne dorment pas dans des capsules d'habitation individuelle. Il arrive, de manière très occasionnelle, qu'un patricien intervienne en faveur d'un de ses obligés pour permettre, faciliter ou accélérer sa promotion au rang de patricien.

De-même, un patricien perd son statut lorsque il est ruiné. Il est alors expulsé des hauts-quartiers, ne pouvant plus payer son loyer. En effet, s'il est endetté, tant qu'il lui reste des crédits, ces derniers sont automatiquement ponctionnés par Hydrox ou la Banque, qui règle les différents commerciaux[3]. Ses biens et obligés peuvent également être saisis. Une fois privé de ressources, il perd son statut de patricien, et ses obligations, ne pouvant plus être rachetées[4], peuvent se transformer en un véritable asservissement. Ces cas sont très rares, les patriciens bénéficiant de rentes, grâce aux placements procurés par Hydrox, et aux "taxes", s'apparentant parfois à un véritable rançonnage, qu'ils prélèvent arbitrairement sur les classes inférieures. Ils peuvent toutefois survenir lorsque un patricien se montre peu-coopératif et/ou commet de manière répétée des incivilités, un système de crédit social influant fortement sur les revenus et la convertibilité des capitaux[5] (inversement, ce crédit social permet aux habitants des bas-quartiers d'améliorer dans une certaine mesure leur condition ; sont en revanche exclus de ce système les déportés, détenus et irradiés des catacombes, qui évoluent en milieu carcéral ou dans des zones abandonnées ou confinées - hors du droit[6]). Si le coût de petites infractions est très élevé pour un habitant des bas-quartiers, il est largement absorbé par les fonds et revenus des patriciens. En règle général, un patricien perd son patrimoine lorsque Hydrox décide de le sanctionner, estimant qu'il a commis une faute grave, est gênant, voire tout simplement ne lui est pas utile, ou pour servir d'exemple pour calmer les ardeurs de patriciens récalcitrants. Son loyer peut alors être augmenté, ses placements perdus, ses avantages supprimés, des frais supplémentaires s'appliquer sur toutes ses transactions, etc. jusque à ce qu'il ne lui reste plus le moindre capital, l'obligeant à se réfugier aux étages inférieurs et le rendant corvéable. Il est également possible que des patriciens ayant fait défection aient été déportés dans les ghettos. L'on n'a en revanche aucune connaissance de cas de déporté ni d'irradié étant devenu patricien. De plus, les rapports de forces et la relation de dépendance mutuelle qui unit Hydrox inc. à son personnel qualifié contraignent la firme à une certaine prudence dans ses rapports avec le gouvernement civil et les patriciens. De ce fait, la mobilité sociale est extrêmement réduite.

Théoriquement, une fois les dettes, avec leurs intérêts, remboursées, l'obligation est levée et le débiteur, désormais considéré comme autonome, doit être libéré, ce qui ne signifie pas forcément une amélioration de son sort, puisque il perd du même coup sa protection éventuelle. L'obligation peut en effet couvrir une période de temps, fixée ou indéterminée, durant laquelle le débiteur travaille pour le créancier, pour régler une dette passée, ou en échange d'un toit et/ou de nourriture. La dette peut également être morale, et donner lieu à des litiges quant à l'évaluation des compensations, qui sont tranchés par la Banque, une antenne du gouvernement provisoire, composée d'une cour et d'une administration, avec son personnel militaire. À la fois juge, partie, et intermédiaire, la Banque prête des fonds aux patriciens, et arbitre les relations commerciales. Dans les faits, elle sert essentiellement de courroie de transmission, à légitimer les hiérarchies en place, et entretenir le clientélisme en arrosant les patriciens sur les fonds d'Hydrox inc. De la sorte, ces derniers ne s'opposent jamais à Hydrox, et la monnaie circule quasiment en circuit fermé, les patriciens récupérant en pots de vin[7] une partie de ce que leur consommation rapporte à Hydrox, tandis que les classes sociales inférieures se contentent d'une économie de subsistance basée sur le troc : de denrées, de vêtements, médicaments...

De nombreux patriciens ont un nombre variable d'obligés, qui indique leur statut social. L'obligation tient à la fois de l'esclavage - pourtant formellement interdit - et de la vassalité de type médiéval. Elle constitue un bricolage réglementaire destiné pour Hydrox à réguler un état de faits s'étant développé dans les fumées de l'Holocauste : irrémédiablement liée à des stratégies de lutte pour la survie, cette économie informelle, née dans le chaos, et s'étant développée parallèlement aux institutions après-guerre, est tolérée mais vue d'un mauvais œil par Hydrox, qui y voit une forme d'organisation sociale concurrente. L'obligation est ainsi un compromis permettant d'acheter la docilité des patriciens en reconnaissant les relations de servage[8] enracinées dans les cendres de l'Apocalypse.

La tolérance d'un système d'esclavage formellement considéré comme illégal s'enracine donc dans une interprétation floue des "contrats d'obligation", dont Hydrox elle-même détient une grande part - quoiqu'elle n'en fasse pas usage. Ces contrats ne sont en effet pas reconnus comme une forme d'esclavage, bien qu'ils s'y apparentent le plus souvent dans les faits, Hydrox fermant généralement les yeux sur les abus. L'esclave n'est donc, en théorie, pas considéré comme la propriété de son créancier mais comme son "obligé". Cela n'empêche pas les créanciers d'agir en pratique comme de véritables maîtres. La seule véritable distinction pratique entre l'esclavage et l'obligation réside dans le droit de vie et de mort du créancier sur le débiteur, que ne confère pas le contrat d'obligation[9]. Cependant, le contexte de l'après-guerre fait que les autorités[10] ferment régulièrement les yeux sur les disparitions au sein des classes populaires, a fortiori parmi les déportés. Ce d'autant plus que les disparitions en question sont, selon la rumeur, bien souvent imputables à Hydrox incorporated. La plupart du temps, les autorités ne contrôlent pas l'origine du débiteur[11] et de la dette, ce qui permet la traite des habitants des catacombes. Des déportés, et surtout des irradiés, sont régulièrement mis aux enchères sur les marchés de Ground 0 city par des militaires, des aventuriers ou d'autres déportés[12]. Les patriciens qui se font prendre à exploiter un débiteur fictif (c'est à dire dont la dette est frauduleuse) s'exposent toutefois, en théorie, à des amendes et à la confiscation du débiteur. Celui-ci ne refait pas toujours surface. De plus, il arrive occasionnellement que ce motif d'inculpation serve de prétexte à Hydrox pour arrêter, détenir à sa discrétion, et/ou exécuter un patricien pour quelque raison, souvent liée à des affaires de corruption. Hydrox peut détenir un suspect à sa discrétion, sans limite de durée, ni qu'aucun observateur ne puisse être imposé. En tout état de cause, il est déconseillé et même dangereux de mettre à mort un habitant de Ground 0 city sans l'aval d'Hydrox, lequel est dans de nombreux cas tacite, puisque bien souvent implicitement déterminé par le statut de l'assassin et celui de la victime, ainsi que par l'intérêt que peut avoir la victime pour la firme. Ainsi, abattre un irradié n'a pas de grande conséquence, tandis que tuer un patricien est passible de mort, puisque il a toujours le droit de contester ou de racheter ses obligations selon les termes et taux fixés par Hydrox, qui est clémente envers cette classe. Ainsi, un patricien ne peut être tué, sinon par Hydrox[13], et ne peut être incarcéré que par la firme ou la Banque. Quant aux déportés, s'en prendre à l'un d'eux est hasardeux, certains d'entre-eux ayant une grande valeur pour la firme.

En outre, la Banque peut racheter une dette contractée entre deux personnes. De même que le gouvernement, les membres de la cour et du Conseil d'Administration Bancaire sont traditionnellement choisis, ou au moins validés par Hydrox, et peuvent être proposés par des patriciens. Ils font la plupart du temps partie du personnel qualifié d'Hydrox, généralement affecté à des fonctions d'encadrement. En effet, les fonds propres de la Banque sont eux-mêmes prêtés par la firme, de même que ses infrastructures, de sorte qu'elle en est entièrement dépendante, lui est totalement inféodée, et qu'en théorie, toute personne endettée vis à vis de la Banque est liée à Hydrox par un contrat d'obligation indirect. Il est juste de dire que ces différentes institutions ne sont que des façades consacrées exclusivement à la légitimation juridique des actes et décisions d'Hydrox.

Ainsi, la frontière est très floue, entre l'administration quasi-carcérale[14] du complexe, justifiée par l'État d'urgence devenu permanent, et la propriété pure et simple des corps.


Informations dévoilées au début de la saison 2 (épisodes 2-4) :

Notes et références :

  1. 0n estime notamment qu'un à quatre pour cent du capital d'Hydrox appartient à des patriciens, via des placements et produits financiers commercialisés par la firme. Cet intéressement non-décisionnaire permet d'assurer une certaine cohésion de classe et une adhésion de principe à l'entreprise et ses actions, de la part des patriciens.
  2. Typiquement, des rescapés hébergés dans les locaux d'Hydrox transformés en quartiers d'habitation provisoires ont placé sous leur protection des personnes parquées, durant la construction du dôme, dans les camps et ghettos situés sur le site qui allait devenir les bas-quartiers de Ground 0 city. De-même, une économie informelle s'est peu à peu développée sur la base d'échanges illégaux entre gardiens et rescapés : nourriture, cigarettes, couvertures, mais également actes de violence, tolérance de crimes ou rançonnage - tout étant monnayable en ces temps de crise. La classe des patriciens a émergé d'une oligarchie largement appuyée sur des pratiques mafieuses. Peu à peu, sans pouvoir l'éradiquer, Hydrox a partiellement régulé le marché noir et développé les infrastructures de Ground 0 city, en s'appuyant sur la double légitimité de la mise à disposition de son complexe et du partenariat en forme de reconnaissance mutuelle passé avec le gouvernement civil, ainsi que sur les relations hiérarchiques liées à l'emploi massif des patriciens par la firme, les plaçant de facto dans une position de subordination. Il faut rappeler qu'Hydrox possédant un monopole industriel et toutes les infrastructures, elle contrôle, outre l'administration de ses locaux, l'ensemble de l'économie légale - mais elle maîtrise également remarquablement bien le marché noir, aussi bien en termes de régulation que d'information : Hydrox sait en général qui fait quoi, qui parle à qui, et c'est la firme qui détermine le degré de liberté accordé à cette économie informelle, qui sert à la fois de soupape de sécurité et de levier d'action "souple". Au plan juridique, la firme est le seul réel employeur, les quelques entreprises existant légalement en étant en règle général des filiales, quand elles ne s'apparentent pas au marché noir. L'obligation est devenue le maillon essentiel de cette association d'Hydrox et des patriciens, fondée sur une communauté d'intérêts et leur interdépendance - les patriciens recevant leurs subsides d'Hydrox, dont ils font tourner les infrastructures, assurant essentiellement des fonctions d'encadrement. Ce type de contrats, qui permet de blanchir facilement les transactions et contraintes informelles, règle toutes les relations marchandes et contractuelles, donc dans ce système, à peu de choses près, l'ensemble des rapports interindividuels et plus largement des transactions micro- comme macro-économiques.
  3. La Banque intervient essentiellement dans les litiges opposant plusieurs patriciens. Lorsque elle est sollicitée pour arbitrer un différent entre un patricien et un non-patricien, elle tranche systématiquement en faveur du patricien - les non-patriciens n'ont donc pas coutume de s'adresser à elle, la gestion de la situation des habitants des niveaux inférieurs se réduisant la plupart du temps à des opérations de maintien de l'ordre. Toutefois, des jugements surprenants ont très occasionnellement concédé des indemnités ou la levée d'obligations à des habitants des bas-quartiers, en raison d'une instrumentalisation de l'arbitrage par des patriciens siégeant à la Cour ou proches du CA de la Banque, liée à des affaires de corruption ou des différents d'ordre privé. Hydrox a quant à elle rarement recours à cette procédure, et la tolère mal, car elle remet en cause la hiérarchie qui assure la stabilité du système. La firme recourt généralement à d'autres procédés pour éliminer un patricien. Des analyses contestées rapportent toutefois au moins un cas d'ingérence de la firme dans une conciliation opposant un patricien à un grand nombre d'obligés, et estiment qu'à cette occasion, Hydrox aurait "sacrifié" des patriciens pour calmer une situation qui menaçait de dégénérer en soulèvement populaire, aux premiers temps de l'"obligationariat", selon la formule employée par ces auteurs. Mais c'est en général dans des affaires opposant des patriciens à d'autres patriciens que la compagnie apporte son expertise.
  4. En temps normal, pour un patricien, toute obligation est payée en crédits monétaires, le plus souvent automatiquement prélevés sur le compte du débiteur. C'est l'impossibilité de solder ce compte qui exclue une personne de la classe des patriciens.
  5. Un crédit de civilité est généralement tout simplement échangeable, voire automatiquement échangé en crédit monétaire ; inversement une perte de crédits sociaux est bien souvent traitée comme une obligation classique, son montant étant prélevé, assorti de frais de dossier, sur le compte monétaire du débiteur. À la discrétion de la Banque - et donc d'Hydrox - un taux de change peut être appliqué.
  6. Ces catégories de population n'ont à vrai dire pas vraiment d'existence légale, Hydrox ne communiquant pas sur leur nombre et leurs identités, et ne publiant pas de rapport d'activité.
  7. Notamment, des transactions opaques font régulièrement l'objet d'allers et retours entre Hydrox et le gouvernement, ce dernier payant un loyer à Hydrox, à qui il sous-traite absolument tout, tout en prélèvant de faibles taxes entièrement détournées par les patriciens, quand l'argent n'est pas immédiatement "réinvesti" dans des produits Hydrox®.
  8. Le servage (du latin servus, « esclave ») est la « condition de quiconque est tenu par la loi, la coutume ou un accord, de vivre et de travailler sur une terre appartenant à une autre personne et de fournir à cette autre personne, contre rémunération ou gratuitement, certains services déterminés, sans pouvoir changer sa condition » (déf. ONU). Avant de connaître une évolution, au XXIè siècle, ce terme désigne, à partir du Moyen Âge, la condition des paysans attachés à une terre qu'ils cultivent et ne peuvent quitter.

    En effet, à la fin de l'Empire romain, le statut de colon évolue. Désormais, les colons sont liés juridiquement à la terre qu'ils exploitent ou au propriétaire de la terre, dans une forme qui préfigure le servage. Les troubles sociaux et les invasions qui accompagnent le déclin de l'empire poussent les grands propriétaires à se retirer dans leurs domaines (villa), dont ils organisent eux-mêmes la défense. Des esclaves en fuite et des familles de paysans viennent trouver refuge sur ces domaines. Le propriétaire alloue à chaque famille un lot de terre qu'elle peut cultiver pour son compte, en échange d'une part de la récolte et de temps de travail (corvée) sur ses terres. Les enfants des paysans héritent à leur tour du statut de dépendance de leurs parents.

    Progressivement, ce système évolue vers le servage, institution caractérisant l'organisation socio-économique du Moyen Âge et qui subsiste au Tibet jusqu'en 1959, avant de se généraliser sous de nouvelles formes vers la fin du XXIè siècle.

    La différence entre le servage et l'esclavage n'est pas évidente. Selon le Larousse, elle se situe au niveau du statut juridique du serf, qui n'est pas assimilé à une chose comme l'était l'esclave, et dispose d'une personnalité juridique. Il ne peut se marier sans l'autorisation de son maître, ni transmettre ses biens ; il ne peut quitter la seigneurie non plus ; mais il ne peut généralement être vendu. Ce n'est cependant pas vrai partout : en Russie et en Angleterre[réf. nécessaire], les serfs pouvaient être vendus comme des esclaves, et être exploités et violentés sans aucun droit sur leur propre corps, rapprochant ce système de l'obligation contemporaine.

    Les critères de différenciation ne font pas l'unanimité. Selon d'autres auteurs, « esclave » n'est qu'un synonyme tardif de « serf », consécutivement à la mise en servage de slaves par les peuples germaniques, du temps d'Othon le Grand et de ses successeurs.

    Les serfs sont ainsi, originairement, une classe de travailleurs agricoles non libres, à la différence des vilains. Ils doivent résider et travailler dans un endroit, et cultiver la terre, propriété de leur seigneur, lequel peut être un noble, un dignitaire ecclésiastique ou une institution religieuse comme un monastère. De ce fait, le serf est juridiquement considéré non pas comme une « chose », un « bien meuble », mais comme une « personne », liée par un contrat (une obligation) à une autre personne. Les serfs cultivent les terres de leur seigneur (la « réserve seigneuriale »). En contrepartie, ils sont autorisés à travailler un lopin de terre (leur « tenure ») pour nourrir leur famille et subvenir à leurs besoins.

    À partir du XIIIè siècle, les serfs sont de plus en plus soumis à une taxe arbitraire appelée taille, qui devient annuelle à partir de 1439. Les seigneurs ont en outre le droit de mainmorte, en vertu duquel les serfs ne peuvent transmettre leurs biens. En échange, le seigneur protège le serf des brigands et lui doit son assistance alimentaire. Ainsi, le serf n'appartient pas à son seigneur, mais est attaché à la terre (souvent un fief, dont le propriétaire ultime est plus haut dans la chaîne de vassalité), la contrepartie étant qu'il ne peut être chassé de cette terre, puisqu'il ne fait qu'un avec elle ; en outre, il possède des biens, peut exercer une action et témoigner en justice ; et il peut contracter (mariages, contrats de vente) plus ou moins librement – le plus souvent entre serfs.

    Héritier des relations de clientélisme antique, et caractéristique de l'organisation des hiérarchies féodales*, le servage tombe progressivement en désuétude et est partiellement aboli sous l'Ancien Régime, mais se maintient, notamment dans les colonies du Nouveau monde anglo-saxon, en particulier sous la forme de contrats de servage, compromis entre l'ancien ordre post-médiéval et le capitalisme naissant, fait de relations contractuelles plus conformes à l'idéologie libérale d'une bourgeoisie en plein essor[Voir : "bourgeoisie"], et qui assure une forme de transition entre les servitudes héritées du moyen-âge, ancrées dans le clientélisme antique, et le salariat qui va se développer au cours des deux siècles suivants.

    Si, en théorie, le statut du serf (travailleur servile) diffère radicalement de celui de l'esclave, tenu pour un bien meuble mais disposant d'une protection juridique a minima, rarement appliquée, bien souvent, dans les faits, peu de choses distinguent des actes de possession d'esclave à durée limitée ces contrats de servage moderne, peu régulé dans les terres reculées d'une Amérique encore largement en friche. En revanche, il est notable que les serfs, comme les esclaves blancs, étaient habituellement (mais pas toujours) mieux traités que les esclaves venus d'Afrique.

    Les contrats de servage (servitude) lient en particulier pour une durée déterminée, aux XVII-XVIIIè siècles, des colons venus s'installer sur les terres de grands propriétaires, dans la condition des domestiques (besoins pris en charge et sans salaire réel), pour prix de leur voyage et installation dans les colonies en développement. Une fois leur liberté acquise, ceux-ci peuvent demeurer au service du propriétaire terrien, comme métayers, ou quitter ses terres pour chercher fortune, par exemple en s'établissant en ville, y ouvrant une échoppe ou louant leur force de travail ; voire tenter d'obtenir une terre de la part du gouverneur local, afin de la développer au nom de la couronne en y faisant à leur tour venir des colons, serfs ou métayers, et bien souvent par l'acquisition d'esclaves, en particulier dans les colonies du Sud.

    Ce type de servage disparaitra à son tour progressivement, avec l'indépendance des colonies britaniques.

    L'esclavage y sera aboli plus tardivement, à la suite de la guerre de sécession dont il constitue un enjeu majeur. En effet, outre la progression des idéaux humanistes, son remplacement par le salariat[Voir : "prolétarisation"] apparaît plus rentable aux colonies du Nord, industrieuses, à la différence des plantations du Sud – notamment en déchargeant le patron de la nécessité d'entretenir ses employés, formellement libres mais livrés à eux-mêmes quant à leur subsistance, dès-lors contraints de vendre leur force de travail. Dans le Sud des États-Unis, cette subsistance est assurée au prix d'une propriété absolue du maître ("patron") sur l'esclave, malgré des droits a minima accordés par la loi à ce dernier, dans les faits peu garantis par les gouvernements sudistes, d'avantage attachés à maintenir l'ordre en s'appuyant sur les milices, et peu regardants sur les actions menées par celles-ci en vue de capturer et "corriger" les esclaves en fuite.

    Beaucoup voient dans le développement du système obligataire la résurgence du servage, sous des formes nouvelles.

    [ * NB : Le féodalisme repose en effet très largement sur les survivances de l'organisation politico-économique romaine (et ecclésiastique), et son hybridation avec le droit germanique — tel que celui des francs, soit les "hommes libres", occupant originairement des terres qu'ils protègent et administrent pour le compte de l'empire romain dans le cadre de fœdus : l'installation de ces seigneurs-protecteurs sur ces territoires, soumis à leur souveraineté sur les terres et habitants, avec la chute de l'empire, sera à la base de l'organisation des seigneuries et proto-royaumes germaniques, puis des États qui leurs succéderont, et des institutions se revendiquant de l'héritage romain (voir : "tsar"). ]
  9. Des litiges portant sur des prélèvements d'organe ont fait l'objet de jugements contradictoires par quelques cours détachées.
  10. Tant la direction d'Hydrox inc. que le gouvernement des patriciens, c'est à dire des créanciers eux-mêmes.
  11. Plus précisément, les vérifications d'usage consistent à s'assurer que l'obligé n'est ni un patricien, ni enregistré dans un certain nombre de fichiers. Cette procédure est relativement automatisée.
  12. Un réseau de chemins clandestins empruntant notamment divers conduits d'aération, d'évacuation, et des zones condamnées, permet aux dealers des sous-sols de se rendre à Ground 0 city, certains finissant même par y tenter leur chance, venant grossir la foule des sans-logis qui se masse dans ses bas-quartiers. Les routes empruntées par les trafiquants sont difficilement praticables, et le risque de tomber sur une patrouille d'Hydrox ou un groupe d'irradiés réduit fortement l'espérance de vie de ceux qui s'y aventurent. La plupart de ceux qui s'y sont risqués n'en sont jamais revenus. Néanmoins, quelques trafiquants et passeurs se targuent d'exercer depuis longtemps leur activité, particulièrement lucrative. Pour autant, l'on ne s'étonne généralement pas de la disparition de l'un ou l'autre de ces risque-tout.
  13. S'appuyant sur les principes de la sécurisation de ses infrastructures, de la délégation d'autorité, et de la sûreté générale - c'est à dire des patriciens, et surtout du gouvernement.
  14. Voire tout à fait carcérale, dans les étages inférieurs.
  15. Ces limites sont traditionnellement fixées par la reconnaissance tacite mutuelle des rapports de force économiques et militaires entre les parties.