Hiver nucléaire
Toutefois, bien que s'étant imposé comme l'expression consacrée, le terme "hiver nucléaire" n'est pas réellement approprié, ou du moins ne concerne-t-il pas la totalité de la planète. Pour autant, l'on ne saurait parler d'exagération : alors que les nombreux gaz à effet de serre accumulés durant les XIX-XXè siècles et les deux premiers tiers du XXIè se sont concentrés autour de l'équateur et de poches, dont les principales se situent au Nord de l'Australie et au dessus du cercle austral, les cendres et fumées recouvrent l'essentiel du reste de la planète, coupée entre Nord et Sud par un cordon au centre duquel les températures peuvent dépasser 90°C et ne redescendent jamais en dessous de 80°, alors que le gros du reste des terres est recouvert par la banquise jadis disparue. D'autres zones présentent des écarts de températures de plus de 50°C entre le jour et la nuit. La Terre, qui avait déjà perdu son cycle saisonnier et subi une inversion de son champ magnétique[2], a désormais également été privée du peu de protection qu'il lui restait à la fin du XXIè siècle face à la chaleur du soleil, mais les forts courants atmosphériques et leurs nouveaux équilibres maintiennent des zones relativement préservées de l'effet de serre, que le jour chauffe à blanc tandis que les nuits y sont glaciales. Quant aux régions recouvertes par les cendres, baignées dans un brouillard permanent se confondant avec des nuages de plusieurs km de hauteur, elles connaissent un véritable nouvel âge glaciaire s'étendant sur la majeure partie de la planète.
La Terre a également perdu le gros de sa protection contre les éruptions et vents solaires, et la beauté des aurores boréales visibles dans tout l'hémisphère Nord se conjugue à des manifestations plus brutales d'orages magnétiques, aussi violents qu'incessants. Les zones faisant tampon entre la banquise et les points et bande chaud(e)s sont soumises à une tempête permanente, parcourues de courants violents et contraires, balayées par les tornades, typhons, et des vents dépassant les 300 voire 500Km/h[3], sous un ciel ocre à noir, lourd et opaque, suffoquant, zébré par de formidables éclairs qui se répondent sans interruption. La pression atmosphérique au sol peut s'y voir multipliée par 4, en particulier au cœur des nuages, formant un épais brouillard parcouru de fortes charges électro-magnétiques, qui a englouti les deux tiers de la surface terrestre.
Des écarts hygrométriques brutaux sont également à rapporter en marge de ces cyclones perpétuels. Ces variations peuvent être temporelles, avec de brusques passages d'un temps sec à une pluie torrentielle pouvant durer des heures comme des mois. Elles peuvent également être d'ordre géographique, un secteur demeurant perpétuellement désertique tandis qu'à quelques dizaines de km, la pluie ne s'arrête jamais.
Une partie des terres submergées par la fonte de la banquise au XXIè siècle a refait surface. D'autres sont apparues. Partout, la planète est dévastée. Les campagnes sont stériles. Les villes en ruines, en cendre. Il ne reste plus rien des grandes métropoles qui s'étaient développées durant les siècles précédents, s'étendant et fusionnant jusque à atteindre plus d'un million de km² et héberger plusieurs milliards de personnes (dont près d'un tiers dans des bidonvilles).
L'on relève également un léger décalage de l'axe de rotation terrestre (estimé à environ 4.2%), et un ralentissement de cette dernière proche de 7%.
Des rumeurs prétendent que la surface de la planète serait en outre infestée de bacilles, virus et divers parasites issus de l'armement biologique, capables de rester en sommeil durant des siècles et de se réveiller en présence d'être-humains pour causer des dommages aussi divers que désagréables sur le corps et la santé mentale, conduisant irrémédiablement et à plus ou moins brève échéance à une mort dans d'atroces souffrances. Les malades doivent être immédiatement mis en quarantaine stricte et sans limite de durée, ces souches étant extrêmement contagieuses et résistantes. Elles n'infectent en revanche généralement pas la plupart des autres espèces animales.
En sous-sols, des algues, lichens et champignons sont cultivés par Hydrox pour nourrir les rescapés. Les classes les plus aisées voient occasionnellement leurs repas égayés par diverses préparations à base d'insectes. Des lichens ayant subis diverses mutations prolifèrent en surface et dans le quartier des irradiés, et commencent à coloniser les autres niveaux souterrains.
Selon les quelques missions de reconnaissance menées par Hydrox, parmi les rares animaux à avoir survécu à l'hiver nucléaire, les mammouths semblent avoir particulièrement bénéficié d'un environnement finalement très adapté à leur morphologie, leur métabolisme et leur éthologie, et de l'abandon de la surface de la planète par les humains, qui laissent derrière eux de vastes territoires en friche.
L'on ignore toutefois quels peuvent être les conséquences à long terme sur la survie de l'espèce des retombées nucléaires et biochimiques.
De-même, l'on ignore quelles mutations ont pu, peut-être, se développer parmi les espèces qui auraient survécu à l'Armageddon.- ↑ Voir vidéo ci-contre (ou sur Youtube).
- ↑ C'est à dire des pôles, Nord et Sud.
- ↑ Avec des vents constants dépassant généralement les 400Km/h dans les secteurs les plus exposés. Des pics pouvant même avoisiner les 800Km/h, de manière toutefois probablement exceptionnelle. Le confinement des rescapés et les conditions climatiques ne permettent évidemment pas d'effectuer des relevés réguliers dans ces zones.