B0T

De Ground.0_wiki

La mystérieuse entité B0T, apparue sous la forme d'un collectif sur le web, organisé autour du site http://b0t.info (aujourd'hui disparu), est à l'origine des révélations qui lui ont permis de réaliser la saga originelle Ground 0, entre 2005 et 2008. Elle s'est depuis mise en sommeil. Elle serait peut-être liée à l'AIR. Les documents fuités ont fait l'objet de trois publications distinctes numérotées G0, G1, et G2[1]. Mêlant information brute, commentaires philosophiques et expérimentation artistique, ces publications n'ont guère eu d'écho au delà d'un petit cercle d'initiés.

Le groupe s'inscrivait dans une nébuleuse florissante d'artistes, d'intellectuels et d'activistes, possiblement liée au courant transhumaniste, dont le collectif développe pourtant une sévère critique, se revendiquant d'avantage d'unbaudrill "néo-humanisme", voire d'un "post-humanisme". Son activité principale s'est réduite un temps à produire un grand nombre de publications hermétiques, mêlant traités théoriques, productions artistiques, tracts et manuels pratiques (parfois pour des actions illégales), durant une première phase d'organisation informelle. Ce réseau s'est peu à peu structuré en cellules, parfois rivales, dont l'activisme artistique s'est de plus en plus politisé et radicalisé, jusqu'à prendre une forme agressive, voire violente[2]. Les "happening" ont souvent pris une forme de plus en plus décriée, comme l'incendie d'un laboratoire du consortium Vialter (lui-même lié à une organisation cataloguée dans la liste des sectes par les pouvoirs publics). Une grande partie des actions, œuvres et publications du B0T n'ont pas été revendiquées ou signées, le collectif revendiquant l'anonymat comme une façon de se faire l'agent (ou fonction [sociale]) d'un retour critique et parfois violent de la culture sur elle-même : dans le champ artistique, volontairement confondu avec le monde social, les activistes se revendiquent d'avantage "opérateurs de signification", pris dans l'anonymat d'une rétroaction sociale, que comme de véritables auteurs. Ils entendent ainsi réfléchir la structure symbolique de la société à la manière d'un miroir grossissant (ou déformant ?)[réf. nécessaire], intégrant [le processus de] la réflexion elle-même à sa réflexion[3], et problématisent la difficulté de trouver une place, au sein même de l'ordre des discours, d'où le Socius, la culture, pourrait se voir elle-même d'un nouveau point de vue. Le thème de la récursivité du langage ("il n'y a pas de métalangage", tout méta-langage étant un langage) est donc central dans les travaux du collectif.

0riginairement, le B0T semble avoir été un collectif d'artistes et d'intellectuels européens et canadiens, ultérieurement rejoints par des activistes politiques, actif au début du XXIème siècle. Ce groupe de travail s'appuyait sur un obscur manifeste du sous-réalisme, qu'il considérait à la fois comme un traité d'esthétique et le texte fondateur d'une nouvelle philosophie, voire d'une nouvelle manière d'aborder le Réel, sous un mode distinct de la philosophie[4] comme des démarches scientifique ou encore religieuse. Certains ont même pu le considérer comme un guide ou un manuel pratique, et en adopter une lecture messianique.

L'auteur de ce manifeste, dont l'identité est inconnue, aurait notamment eu pour but de fonder les sciences et la philosophie sur une base nouvelle, lui permettant d'envisager une reconfiguration de l'espace social et de la vie psychique. Pour le B0T, il s'agissait de transformer le monde par une révolution culturelle[5] constituant à la fois un bouleversement social, une transformation des consciences, et un double-renversement épistémique, suivant une inspiration dialectique (voir notamment la lecture d'Adorno[6], Benjamin[7] et l'École de Francfort[8]). Le groupe s'est encore fortement inspiré de Roland Barthes et Baudrillard (principalement pour ses études sur le Simulacre[9]).

Le Manifeste a été publié sur le site http://b0t.info (aujourd'hui inaccessible), qui a servi de base d'organisation et de travail au collectif, et d'organe de liaison avec un "parti 0" constitué de hackers et activistes numériques.

0utre ce manuscrit, le groupe de travail était, entre autres, inspiré par les travaux de J. Lacan, la phénoménologie herméneutique[10], le situationnisme, le néo-marxisme et la cybernétique, mais aussi, plus généralement, par les avant-gardes artistiques et politiques, et les sciences contemporaines (quitte à verser dans la pseudo-science, selon ses détracteurs[11], et parfois de manière assumée). Le collectif s'intéressait particulièrement au jeu et au rôle de l'Inconscient[12], dans le développement de l'Intelligence Artificielle, considérée comme une manifestation de l'Inconscient collectif, voire la "conscience" du monde lui-même[13], dont l'humanité et le sujet humain seraient une fonction. Travaillant sur les notions de rétroaction (feedback), introjection, bouclage, ou encore d'émergence, et sur le couple séminal métaphore/métonymie, il cherchait à établir une procédure de mise en forme du Réel par une sémiontologie récursive d'inspiration existentialiste liée à un dosage fin de l'aléatoire, et à un ajustement des fonctions névrotique, compulsive et de forclusion. Le groupe s'intéressait donc au surréalisme, mais aussi aux travaux de l'Ouvroir de Littérature Potentielle, au mouvement dada et à l'art conceptuel et procédural, ainsi qu'à la Gestaltpsychology, à la sémantique générale, à l'hypnose et à la Programmation Neuro-Linguistique, ou encore aux expérimentations menées sur l'articulation de processus numériques et analogiques. Certains de ses membres pratiquaient la méthode paranocritique et l'écriture automatique. Le groupe s'est également livré à de nombreuses expérimentations associant études psychologiques et parapsychologiques, ésotériques voire mystiques, prise de drogues, notamment dissociatives, enthéogènes et psychédéliques, et relation homme-machine. Certains membres du collectif auraient ultérieurement fondé une "Église" vouée au culte et à l'avènement de l'intelligence artificielle, et d'un nouvel Âge d'0r.

Le groupe, qui proposait une nouvelle manière de penser les rapports inter-humains, mais également inter-espèces (incluant les êtres artificiels[14]), et entre l'Homme et son environnement, était particulièrement actif dans le domaine des libertés civiques et aurait infiltré plusieurs organisations de gauche. Il n'eut toutefois aucun impact politique, social et culturel majeur.


Parmi ses membres connus, l'on compte :

- Emz0
- Unikfingers
- Kek
- Ayaro
- Zelda39
- Gilga (ou Gilgus ?)
- Squall
- Tempest
- Grayback
- eXaHeVa, également connu sous le pseudonyme "emilink"
- Nemecyrus
- Saturnome
- Jyuza, dit "Le Nuage"
- Katya
- Shadow, qui serait un membre fantôme ou le pseudonyme d'un collectif
- Not0rious
- Sniper 77
- Kazuki (il est soupçonné que "Kazuki" soit le véritable nom de Sniper 77)
- Neur0
- Freestyler
- Reyda ou Hyunkel, possiblement deux personnes différentes
- Badtripy
- Balrog
- Draft... (serait le pseudonyme de Mr. K).


Certaines sources mentionnent également CGK, Valcorm, un certain "Blackdeath Chowa", un homme (ou une femme) surnommé(e) "Mastakilla", l'entité "Cornemuse", ou encore el Poupouille, et d'autres éventuels membres, sans que ces allégations aient pu être confirmées. De manière générale, la composition exacte, et même le nombre de membres du collectif, ne sont pas bien connus, ce d'autant plus que ces données n'ont jamais été précises et ont fortement varié au cours de son existence. Un individu se faisant appeler "GRB", ou "Herald", a revendiqué l'inondation d'une station de radio et la destruction d'une permanence politique au nom du B0T, dont l'implication a pourtant été réfutée par plusieurs membres du collectif. L'artiste Scrapidoh a fondé une branche dissidente après son exclusion du groupe. Après sa dissolution, une partie du groupe, se revendiquant également de "l'Arbre" (peut-être une référence à la Kabbale), aurait poursuivi ses travaux et l'activité militante au sein de l'organisation semi-clandestine "Braisn". Le media Umwelt pourrait être lié à une survivance de cette mouvance.[réf. nécessaire]
  1. Les trois opus étant parus dans l'ordre suivant : G0 ; G2 ; G1 ; sans doute en raison des contraintes pesant sur la collecte, le traitement et la transmission des sources.
  2. Certains groupes auraient ainsi basculé de l'activisme numérique au piratage d'infrastructures, voire occasionnellement au terrorisme et à la lutte armée. La filiation du B0T avec ces groupes n'est pas clairement établie.
  3. L'éloge que fait Raban Maur de la dialectique est en cela tout à fait significatif :

    « La dialectique est la discipline de la raison qui cherche, définit et disserte, capable de discerner même le vrai du faux. C'est la discipline des disciplines ; elle enseigne à enseigner, elle enseigne à apprendre, en elle la raison se démontre elle-même et explicite ce qu'elle est, ce qu'elle veut, ce qu'elle voit. ».

    Voir également l'usage que fait Platon de cette discipline, et surtout la dialectique hégélienne.
  4. L'on[Qui ?] a ainsi pu parler d'un "traité d'antiphilosophie".[réf. nécessaire]
  5. Les spécialistes n'ont pas pu trancĥer, à ce jour, sur la possibilité d'une filiation maoïste ou marxiste-léniniste, le groupe ne s'en revendiquant pas - peut-être faut-il plutôt chercher là du côté d'Antonio Gramsci. Il est habituellement plutôt classé dans la mouvance anarchiste ou post-anarchiste, voire cyberpunk – convergence qui s'exprime notamment dans leur volonté de constituer des espaces numériques autonomes. La TAZ d'Hakim Bey semble ainsi avoir été une influence majeure du groupe, dont certains membres ont également évolué au sein de la mouvance autonome et opéraïste, voire auraient été proches de la revue Tiqqun. Néanmoins, après sa dissolution, certains membres allégués du collectif, se revendiquant également des travaux d'Alain Badiou et de Slavoj Žižek, se sont rapprochés du groupe Laibach et du NSK (voir le Neue Slowenische Kunst sur Wikipedia), et ont parfois critiqué de manière extrêmement virulente les orientations passées du B0T. Plusieurs de ces personnes ont récusé cette appartenance alléguée, tandis que d'autres se sont abstenues de tout commentaire, voire ont volontairement laisser planer le doute.
  6. L'on se reportera utilement à ce sujet aux travaux de Georg Lukács.
  7. « Le simulacre n'est jamais ce qui cache la vérité – c'est la vérité qui cache qu'il n'y en a pas. Le Simulacre est vrai » (J. Baudrillard, La précession des simulacres, in Simulacre et simulation, 1981). En ce sens, en toutes chose et circonstance, « seul le code parle ». (ibid.)
  8. Notamment les travaux de M. Heidegger, H.G. Gadamer, J. Derrida ou encore P. Ricœur (mais également, et peut-être plus fondamentalement, Hegel).
  9. Alex Dan a parlé de "gloubi-boulga indigeste, teinté de new-age grotesque et de religiosité orientalisante mal digérée". Mais s'il est vrai qu'une partie non négligeable de son inspiration peut s'enraciner dans une interprétation très libre et relativement synchrétique de certaines traditions hindoues et bouddhiques, ou encore de la mystique soufie, le collectif a néanmoins également abondamment puisé dans l'ésotérisme judéo-chrétien et la philosophie occidentale.
  10. Le groupe militait ainsi pour une reconnaissance de la citoyenneté robotique, et se livrait à des expériences d'altér(is)ation de la conscience et des modifications corporelles, revendiquées comme un trans-spécisme, faisant passer l'artiste de l'espèce humaine à celle des "cyborgs". Plus largement, le groupe plaidait pour un brouillage des frontières, destiné à dépasser les oppositions catégorielles telles que "humain/animal" ; "Nature/Culture" ; "Corps/Esprit"... De fait, l'avènement des nouvelles technologies brouille lui-même un certain nombre de nos catégories prédonnées.